Parmi les techniques utilisées, certaines voitures gravement accidentées étaient réparées en remplaçant les airbags par des morceaux de tissu. Ces véhicules ont été vendus dans divers pays européens et représentent un risque important pour les acheteurs de voitures d’occasion.
Initialement ouverte pour évasion fiscale, l’enquête a révélé un système de reconditionnement frauduleux de véhicules accidentés, les rendant particulièrement dangereux pour les acheteurs. Certains véhicules réparés de manière approximative ont déjà été identifiés et retirés des routes, mais le nombre total de voitures toujours en circulation reste inconnu. Il est donc important de rester vigilant, car ces véhicules peuvent être introduits en France par le biais d’autres pays européens.
D’après carVertical, entreprise spécialisée dans l’analyse de l’historique des véhicules, 1 voiture d’occasion sur 20 vendue en Europe est impliquée dans une transaction transfrontalière, un format particulièrement propice à la fraude. De nombreux véhicules présentent un kilométrage falsifié ou des dommages dissimulés.
Les données de carVertical montrent également que 7,2% des voitures importées en Europe proviennent des États-Unis. Une grande partie de ces véhicules proviennent d’enchères d’assurance, souvent endommagés, réparés à bas coût, puis revendus.
« Une voiture peut être accidentée aux États-Unis, réparée à bas coût, puis exportée et vendue dans un autre pays européen, sans que l’acheteur ne soit informé », explique Matas Buzelis, expert automobile chez carVertical. « Grâce aux rapports d’historique, il est possible de savoir quelles parties ont été endommagées, ce qui permet ensuite au garage de vérifier la qualité des réparations. »
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La fraude au compteur kilométrique…
Outre les dommages dissimulés ou les réparations douteuses, la fraude au compteur kilométrique représente une autre menace majeure pour les consommateurs européens. En mars 2025, carVertical a estimé son coût annuel à 5,3 milliards d’euros en Europe, un chiffre probablement sous-estimé compte tenu du nombre de cas non détectés.
La France fait partie des pays les plus touchés par la fraude au kilométrage, avec des pertes annuelles estimées à 1,15 milliard d’euros, contre 1,4 milliard au Royaume-Uni et 1,1 milliard en Allemagne.
Certaines décisions gouvernementales telles que la mise en œuvre fragmentée du RGPD, le manque de partage transfrontalier de données et la rétention d’informations par des bases privées ou constructeurs compliquent encore l’accès des acheteurs à l’historique des véhicules.
« Aujourd’hui, des informations essentielles sur l’historique d’un véhicule comme le kilométrage, les accidents, les changements de propriétaire et les numéros VIN restent enfermées dans des bases de données nationales ou privées, ce qui crée des conditions idéales pour la fraude transfrontalière », alerte Rokas Medonis, CEO de carVertical.
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