La démarche #EntreprisesEngagées64 veut être innovante en fédérant un maximum de personnes autour de la prévention du risque routier. Rencontre avec Marc Mariée…
Que pensez-vous de cette action avec le monde de l’entreprise ?
Marc Mariée – Toutes les entreprises doivent se sentir concernées. Il est important que les dirigeants fassent preuve d’une vigilance à la mesure des responsabilités qui sont les leurs dans le domaine de la sécurité routière. En ayant conscience que l’impact d’un accident peut être très lourd pour l’entreprise et pour eux-mêmes. Surtout s’il est établi que l’entreprise et son dirigeant ont eu un rôle, même indirect, dans cet accident.
Qu’entendez-vous par vigilant ?
M. M. – Comme tout le monde, le chef d’entreprise doit avoir une conscience collective du danger et des victimes potentielles en cas d’accident. Que ce soit dans la vie professionnelle ou privée, le dirigeant comme le chef de famille doit être vigilant sur les facteurs de risques, pour intervenir. Un dîner d’entreprise de fin d’année ou une soirée privée peuvent hélas rapidement tourner au drame si des personnes prennent le volant après avoir bu au-delà des limites autorisées. Il appartient aux personnes présentes, et en premier lieu aux responsables, de savoir dire non.
Comment faire évoluer les comportements ?
M. M. – J’ai l’impression que, dans les autres pays, tout ce qui est code de la route ou règlementation est assez bien respecté. Alors que l’esprit français est très différent. Détourner les règles sans se faire prendre est souvent pris comme un jeu. Comme s’il y avait quelque chose à gagner. Or l’expérience montre qu’il n’y a jamais rien à gagner quand on ne respecte pas le code de la route. Le chef d’entreprise, comme chacun de nous, doit se montrer aussi exigeant qu’il l’est dans d’autres domaines. Encore une fois, tout part de la conscience des dangers potentiels et des responsabilités qui peuvent être recherchées avec des conséquences potentiellement très lourdes.
Tous concernés ?
M. M. – Oui. Car chacun se retrouve régulièrement dans deux rôles qui imposent de mesurer les différents dangers et responsabilités : parfois conducteur d’une voiture, parfois piéton ou cycliste… Et le chef d’entreprise a une responsabilité supplémentaire, celle du dirigeant. Des progrès significatifs ont été faits, par exemple pour les grandes fêtes de l’été pendant lesquelles finalement, il n’y a pas tant de dépistages positifs, des actions de sensibilisation importantes ayant été lancées et les villes ayant développé des services de transport collectif. Pour 2017 par exemple, sur 4610 contrôles d’alcoolémie pendant les fêtes de Bayonne, seuls 161 se sont avérés positifs.
Est-ce que les automobilistes et les dirigeants connaissent les risques au niveau pénal ?
M. M. – Très peu. Et l’on voit souvent au Tribunal des personnes qui prennent brutalement conscience que leur vie a basculé et qu’elle va être bouleversée. Ils sont généralement effondrés parce qu’ils n’avaient jamais imaginé cela. C’est particulièrement le cas pour ceux qui se retrouvent en garde à vue et en détention, puis jugés en comparution immédiate. Leur vie n’est plus la même et personne n’y peut plus rien. En plus des sanctions décidées par le tribunal qui peuvent aller jusqu’à des peines de prison, ils n’ont plus de permis et souvent plus de travail. D’où l’importance d’informer au maximum en amont pour prendre véritablement conscience du risque pris à partir du moment où l’on conduit en état de délit. Ce peut être le cas au niveau de l’alcool et des stupéfiants, mais aussi de la conduite sans permis de conduire. Il faut rajouter à cela les fréquents refus d’obtempérer et les délits de fuite qui aggravent la situation.
Comme voyez-vous votre rôle de prévention ?
M. M. – Pour un Procureur, l’objectif n’est pas uniquement de poursuivre, mais également de convaincre des bienfaits du respect des règles. Notre but est de tout faire pour éviter de voir un jeune de 18 ans finir sa vie contre un arbre, ou un gamin de 14 ans de se retrouver tétraplégique pour le reste de son existence. Nous proposons aussi des stages de sensibilisation avec des associations, notamment autour de la drogue et de l’alcool, pour essayer de faire changer les comportements. Je pense que les actions menées par les entreprises doivent porter leurs fruits, parce que les salariés sont sensibilisés dans un milieu dans lequel ils sont en confiance, entourés de leurs collègues. Cela permet de rendre plus efficace les messages.