Dans le cadre de cette démarche #EntreprisesEngagées64, nous donnons la parole aux principaux acteurs de la sécurité routière. Rencontre avec le commandant Jean-Bernard Indaburu, chef d’Etat-major de la Direction départementale de la sécurité publique des Pyrénées-Atlantiques, et Catherine Heendrickxen, brigadier chef, chargée de la prévention sécurité routière…
La Police est-elle directement concernée par le risque routier ?
Jean-Bernard Indaburu – Oui. La Police est particulièrement exposée au risque routier en se rendant, en urgence, sur les lieux d’intervention. En voulant aller très vite, quand la vie de personnes est en danger, par exemple lors d’un vol à main armé, la prise de risque est particulièrement importante. Plus que le nombre d’accidents, c’est leur gravité qui nous préoccupe. En fait, certains usagers oublient qu’ils doivent laisser la priorité, d’autres sont tétanisés en entendant la sirène. C’est un vrai souci.
Que faites-vous à ce niveau ?
Catherine Heendrickxen (photo ci-dessus) – La problématique est nationale. Il est fait appel au Cabinet Amaris pour nous accompagner sur la prévention de toutes les formes de risques professionnels, et notamment le risque routier. Nous bénéficions ainsi de fiches techniques sur différents thèmes. Cela va de l’utilisation de la chasuble réfléchissante à la conduite avec un gyrophare. En plus des réunions sur ces sujets, les informations sont relayées sur la messagerie interne. Nous mettons aussi l’accent sur l’importance des négligences, sur ce qui ne se fait pas…Bref, nous essayons de balayer tout ce qui touche le risque routier, directement ou indirectement.
Comment voyez-vous votre mission de contrôle des usagers de la route ? Et la prévention ?
Jean-Bernard Indaburu – Bien entendu, le contrôle fait partie de notre mission de base et il peut aussi avoir un impact préventif en amenant les usagers de la route à faire plus attention. Les contrôles sont effectués par des unités dédiées en tenue, d’initiative ou sur ordre de leur hiérarchie. Il peut aussi s’agir de contrôles programmés dans le cadre de plans nationaux ou mis en place localement sur instructions du Préfet ou du Procureur de la République. Nous effectuons également des contrôles ciblés, autour de l’alcool, des stupéfiants, du téléphone au volant, des deux-roues motorisés… pour s’attaquer aux principales causes d’accidents graves. Parallèlement, nous faisons beaucoup de prévention en amont, en intervenant par exemple dans les collèges et les lycées, ou dans les entreprises.
Justement, comment concevez-vous ce rôle de prévention ?
Catherine Heendrickxen – Nous intervenons à plusieurs niveaux. Ainsi, cette année, nous allons nous joindre à la Journée nationale de la sécurité routière au travail, même si nous devrons décaler son organisation au mois de juin pour une question d’agenda. Elle sera dédiée à l’ensemble des agents de l’Hôtel de Police de Pau. Notre priorité est de nous occuper des usagers les plus vulnérables : les piétons, les cyclistes, les seniors… Ces derniers ont souvent besoin d’une remise à jour de leurs connaissances, par exemple dans la manière d’aborder un rond-point. Ils sont très demandeurs de sessions d’information et de sensibilisation. Pour les piétons, il faut notamment rappeler des choses simples, comme bien regarder avant de traverser. Au niveau des cyclistes, il s’agit souvent d’insister sur les équipements nécessaires ou encore la lumière. Avec tous les usagers, nous mettons en garde contre la force de la routine qui peut provoquer des situations de danger.
Et avec les jeunes et les entreprises, que faites-vous ?
Catherine Heendrickxen – La prévention concerne toutes les tranches d’âge. Nous intervenons dès la maternelle et le primaire, en parlant du partage de la rue entre le piéton, le cycliste, le deux-roues motorisé, l’automobiliste ; en insistant sur le bon comportement à avoir et sur les principales règles de sécurité. Avec les collégiens, la priorité est la sécurité en vélo ou avec un 2 roues motorisé : les précautions essentielles et la nécessité de porter des équipements de protection. Dans les lycées, nous ciblons en plus l’alcool, les stupéfiants, la vitesse. Lors de ces interventions, nous utilisons souvent des simulateurs pour les rendre plus efficaces. D’une manière générale, les jeunes sont très réceptifs et apprécient ces moments de sensibilisation. Nous intervenons aussi très régulièrement dans des entreprises, à leur demande. Cela rejoint parfaitement la démarche #EntreprisesEngagées64. Les demandes, nombreuses, montrent qu’elles ont commencé à intégrer le risque routier.
Le partage de la rue est une problématique majeure ?
Jean-Bernard Indaburu – Dans notre périmètre d’intervention qui est urbain, c’est effectivement un défi majeur. Comment mieux faire cohabiter les piétons, les vélos, les deux-roues motorisés, les voitures, les camions… pour réduire le nombre d’accidents ? Il faut savoir que, en 2017, le profil de la victime décédée est un piéton de plus de 75 ans, lors d’un trajet quotidien. Les causes sont souvent de simples négligences, comme oublier de regarder avant de traverser. Il est clair que les zones de rencontre, les zones 30 et les aires piétonnes sont encore mal intégrées. Certains comportements se révèlent très dangereux. Il faudrait aussi retrouver un peu plus de courtoisie pour mieux cohabiter.
D’autres remarques ?
Jean-Bernard Indaburu – D’abord, nous sommes très contents de partager notre expérience lors des actions de prévention avec les jeunes, les seniors et dans les entreprises. D’autant plus que cela contribue à donner une autre image de la police. Je voudrais aussi insister sur le fait que le moins grave pour un usager qui ne respecte pas les règles est de se faire arrêter par la Police. En effet, s’il conduit en situation de délit (sans permis, en état d’ébriété, sous l’empire de la drogue…), en cas d’accident mortel, même non responsable, il se retrouvera en situation d’homicide involontaire, avec des conséquences extrêmement lourdes.