La démarche #EntreprisesEngagées64 veut mobiliser toutes les collectivités pour faire baisser le nombre de drames sur les routes. Les chiffres 2017 ont été mauvais, aussi nous avons demandé son avis au commandant de l’Escadron départemental de Sécurité Routière de Pau, René Moog…
La lutte contre l’insécurité routière est votre cœur de métier. Quel regard portez-vous sur l’évolution actuelle ?
René Moog – L’Escadron départemental de Sécurité Routière de Pau regroupe 85 personnes qui travaillent quotidiennement à la fois à dissuader les usagers de la route d’enfreindre les règles, et à la fois à faire de la prévention. Outre les causes d’accidents graves les plus fréquentes, notamment une vitesse inadaptée, les addictions à l’alcool ou aux stupéfiants, le refus de priorité… nous constatons une nette augmentation des risques liés aux distracteurs. L’utilisation des smartphones est un phénomène de société, mais nous devons porter un message fort pour dissuader les automobilistes de se connecter en conduisant. Le comportement de l’usager reste la clé de la sécurité routière. En effet, alors que les infrastructures et les véhicules sont de plus en plus sûres, l’insécurité routière est repartie à la hausse.
Avez-vous des indications concernant le risque routier dans le cadre professionnel ?
R. M. – Sur les accidents recensés, plus de 60% se produisent en semaine, et souvent dans le cadre professionnel. La démarche lancée avec les entreprises est pertinente, surtout en alertant sur le trajet domicile-travail où se produit la majorité des accidents. Ces trajets portent le risque de l’habitude, avec une baisse de vigilance et la tentation de se laisser distraire.
Que faites-vous pour inverser la tendance ?
R. M. – Notre ambition est claire : faire baisser le nombre d’accidents et de tués sur les routes. La répression reste incontournable avec des contrôles renforcés sur la vitesse ainsi que sur l’alcool et les stupéfiants. Quelque part, il y a un relâchement contre lequel il faut lutter. De plus, s’est développé dans l’environnement du conducteur une « adaptation » avec les différents dispositifs qui signalent la présence des radars et des forces de l’ordre. Nous devons donc développer des modes d’action innovants pour répondre à cette stratégie d’évitement. Trop souvent, les usagers de la route ne se rendent pas compte de l’importance des risques qu’ils prennent. Des risques parfois disproportionnés, pour rien ou presque rien, pour gagner seulement quelques petites minutes sur un trajet. La répression ne nous empêche pas d’agir avec discernement, de tenir compte des situations et des circonstances. Parfois, nous nous contentons d’un rappel des règles. Par contre, nous sommes très fermes avec les récidivistes.
On parle souvent de sécurité des mobilités ou encore de partage de la route…
R. M . – Oui. Au-delà de lutter directement contre l’insécurité routière, nous devons sécuriser les mobilités en vérifiant qui circule et où, notamment dans le cadre de la lutte contre les attentats. C’est notre mission de base. Quant au partage de la route, c’est un véritable défi, particulièrement en zone urbaine. Cela passe par le respect des autres usagers et surtout des plus fragiles. D’autant plus que chaque automobiliste est par moment piéton ou cycliste. La route est un espace de liberté, mais d’une liberté partagée avec le souci du danger pour soi et pour les autres.
Côté prévention, quels types d’actions menez vous ?
R.M. – Nous repensons actuellement notre stratégie pour nous adapter aux évolutions. Nous prenons des initiatives auprès de publics ciblés, comme les personnes âgées. Par exemple, avec l’organisation de forums au cours desquels les seniors se montrent très réceptifs. Ou encore auprès des conducteurs de deux-roues motorisés, avec les opérations « Reprise de guidon ». Ce sont des journées thématiques pendant lesquelles nous proposons un partage d’expériences et des conseils pratiques pour rouler plus « propre » et plus sûr.